Pour notre dernier mois et demi en Inde, nous avons choisi de réitérer l’expérience de l’an dernier : voyager en moto Royal Enfield, cette fois ci dans le nord du pays à travers les états de Rajasthan, Gujarat et Madhya Pradesh. C’était ça ou la retraite de méditation Vipassana… j’ai bien essayé de méditer à l’arrière de la moto, mais ça fini plutôt par relever de la prière ! Et comme le dit la pub de l’office de Tourisme Indienne, « Incredible India » effectivement des fois, on a du mal à y croire !!
Voyager en Inde à l’arrière d’une moto, c’est un peu comme être dans un jeu vidéo. Un mélange entre Out Run et Mario Kart. On voit le paysage qui défile et qui change mais on ne sait jamais ce qui va nous tomber dessus et on ne contrôle pas grand-chose (mon habileté en jeux vidéos n’est pas bien grande…). Heureusement Eduardo est meilleur que moi, et lui il contrôle pendant que moi je prie !
Les routes en Inde sont toujours une surprise. On tombe sur une piste pourrie alors qu’elle est appelée « National Expressway », et même les autoroutes sont pour la plupart une farce. On se retrouve face à face avec un camion remontant en sens inverse, ou un tracteur. Les nids de poules ont plus la taille de lavabos prêts à engloutir nos pauvres amortisseurs déjà mis à mal par les nombreux achats de souvenirs du Rajasthan… par-dessus ça bien sûr, il y a les nombreux obstacles mouvants à éviter : piétons, motos, tuck tuck, camions et toute sorte d’autre « Objets Mouvants plus ou moins Identifiés », charrettes à bœufs, poste de jus de canne (oui oui !). Et pour finir les animaux de la ferme : chiens, chèvres, poules, ânes et vaches sacrées, sans oublier les bêbêtes plus tropicales qui ne sont visibles normalement chez nous que dans les zoos, Buffalos, singes, chameaux, éléphants !
Les Indiens restent le plus grand danger des voyageurs sur les routes… Ils ne regardent jamais (j’insiste : Jamais !) avant de s’insérer sur la voie, le concept de « distance minimum de sécurité » est réduit a « si ça ne touche pas ça passe », le tout bien sûr sans casque et parfois avec un téléphone portable accroché à l’oreille. On continue à s’interroger sur le pourquoi d’un tel comportement sur les routes mais on a quelques théories :
- Les Indiens ont une foi aveugle en leur kharma. Si ca doit arriver, ca arrivera… oui mais moi, j’aimerai ne pas être trop impliquée parce que je ne suis pas si sure de ma réincarnation.
- Le permis de conduire coute 70 euros et il faut signer en bas de la page 3 pour démontrer qu’on a bien passé les leçons de conduite, et en page 4 pour le code. Avec plus de 50 millions de conducteurs sans permis donc, la circulation automobile est déjà un petit miracle en soit.
- Les conducteurs sont à 99% des hommes, pour la plupart avec l’âge moyen d’adolescents prépubères, ce qui n’aide rien.
La conduite de nuit reste l’expérience la plus périlleuse de ma vie, loin devant les traversées à la voile, la conduite au lac Atitlan au Guatemala ou sur le trek escarpé à 4000m au Népal… là, c’est carrément de la folie. Heureusement, on n’a été vraiment obligé à conduire de nuit une seule fois, ayant perdu du temps sur notre itinéraire à cause d’une crevaison, et n’ayant pas trouvé de logement sur la route. Le plus drôle est que avant de se lancer, on s’est fait dire par un jeune que « no problem mam’, not dangerous »… en même temps il conduisait sans casque avec 2 de ses potes sur une moto… forcément, on n’a pas le même concept de danger. Si les Indiens sont déjà plutôt téméraires sur les routes de jour, la nuit ils deviennent complètement sauvages ! Alors que ça parait être la faute la plus grave du monde de circuler de jour avec les phares allumés, ça ne semble déranger personne de ne pas les mettre la nuit ! Et quand ils sont allumés, c’est directement en plein phare, et donc on ne voit plus rien. L’éclairage nocturne est inexistant, et après s’être fait expulser de la route pour se retrouver dans la poussière du bas coté quelques fois, on fini par se caler derrière un camion énorme pour les derniers 10km… au moins devant lui tout le monde s’écarte ! L’expérience ne dure que quelques dizaines de minutes mais on arrive épuisés et terrorisés.
Mais survivre à tout ce chaos est magnifiquement récompensé. Les paysages sont époustouflants et c’est un spectacle à chaque moment. Et les Indiens, s’ils ont définitivement la pire conduite, ont aussi beaucoup du meilleur : les meilleurs sourires, la meilleure humeur, la meilleur générosité et attention en général. Même quand on vient de manquer un accrochage après avoir démarré sans regarder (on a fini par adopter quelque peu la conduite Indienne), au lieu d’une engueulade monstre comme on pourrait s’y attendre, on a droit a un superbe sourire et un coucou !
Et on en a bien besoin, de la générosité et l’ouverture ! On crève deux fois plus ou moins au milieu de nulle part, et le système électrique de la moto nous lâche en plein parque national. Chaque fois, c’est un attroupement autour de nous, quelque fois juste pour voir, mais souvent très utile et sincèrement attentionné dans tous les cas. On n’est jamais seuls en Inde. On a aussi constamment besoin d’indications car l’Atlas qu’on a trouvé à Delhi, et qui est sensé être ce qu’on trouve de meilleur comme cartographie en Inde s’avère souvent faux. Certaines routes n’existent pas, d’autres disparaissent et ont des tracés différents à ceux marqués ! On nous demande constamment si on parle Hindi. Dans un état où le Gujarati est la première langue, nous qui ne parlons ni Gujarati ni Hindi sommes considérés comme les derniers illettrés… Et on apprend le Angl-Indiens : un restaurant se dit « Hotel », un hotel « room », et on ne commande pas un « take away » mais « parcel » ! Les phrases se résument a un simple « room have ? » suivit du traditionnel hochement de tête tellement Indien…
Bref, quelques galères bien rigolotes mais surtout les meilleurs souvenirs, des expériences inoubliables, et on a trouvé ce qu’on cherchait : sortir du circuit touristique et découvrir une population à l’état brut dans toute sa générosité et son ouverture aux autres.
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